Quand on veut on peut ! Ah bon…

Quand on veut on peut…

Voilà encore une phrase bien culpabilisante qui a pour conséquence de créer de belles croyances limitantes à chaque échec. « J’y suis pas arrivé, c’est que je voulais pas où que je suis plus nul que le reste du monde ? ».  Ou comment créer des questions existentielles qui n’ont pas lieu d’être. Est-ce que lorsque j’échoue, c’est parce que je ne voulais pas vraiment réussir ? Ma réussite ne dépend donc que de moi ? C’est vrai, mais certainement pas parce que si je veux, je veux peux, mais surtout parce que si je ne veux pas, je ne peux pas et toute la nuance est là.

Pour me livrer à une petite analyse, je vais me baser sur la compréhension d’un outil qui pour ainsi dire a changé ma vision de la vie, les niveaux logiques de Dilts, et j’invite tout le monde à en prendre connaissance. Dans la phrase : « Quand on veut on peut », à mon sens, il y a plusieurs points qu’il est dangereux de laisser en l’état.

Parce qu’effectivement, il est coutume de dire par exemple à un étudiant, quel que soit son âge, qui a eu un mauvais trimestre, une mauvaise note, une matière moins forte : Quand on veut on peut. Pour laisser sous-entendre que le retour de l’environnement, à savoir l’échec de ce qu’il a entreprit, n’est pas lié à un problème comportement, pas plus à un problème de capacité, pas non plus à un problème de croyance, mais bel et bien un problème de sens donné à son objectif. Pire, on fait en même temps le lien entre son échec et son identité, l’étiquetant comme quelqu’un qui ne se donne pas les moyens de réussir. Si l’enfant est en capacité de réfléchir, les conséquences sont déjà compliquées, mais imaginons ce que ça donne sur un enfant bien plus petit qui n’arrive pas à apprendre ses tables de multiplication ?

Ce n’est certainement pas en lui disant : « Quand on veut, on peut » que l’on aide quelqu’un à arriver là où il le veut. Je la remplacerais donc par « Quand on veut, on peut… tout donner ». Et c’est seulement là que l’on va pouvoir travailler à savoir pourquoi il y a eu échec.

Pour reprendre l’exemple de l’enfant qui n’arrive pas à apprendre sa table de 6 et revient avec une évaluation insuffisante. Plutôt que critiquer sa volonté, on peut se demander si l’enfant a eu le comportement approprié pendant ses révisions. C’était peut-être plus tentant de se distraire. S’il était en capacité de pouvoir apprendre. Peut-être a-t-il jusque là plus développé d’autres partie de lui, que celle d’apprendre cette table. Peut-être qu’à côté de cela, il est très bon en dictée. Au delà de cela, se croit-il seulement capable de l’apprendre ? A-t-il compris en quoi c’est important dans sa vie, que de savoir les multiplications ? C’est donc tout sauf une question de volonté et surtout, vouloir n’influe pas sur pouvoir, c’est ne pas vouloir qui est en lien avec ne pas pouvoir.

Pour résonner par l’absurde, je veux me téléporter, voyager dans le temps, mais je n’y arrive pas. Pourtant, je peux t’assurer que je le veux énormément.

Mais je ne me sens pas coupable de ne pas y arriver, contrairement à ce même enfant qui n’arrive pas à résoudre 6*7 en moins de cinq secondes. Pourquoi ? Parce que j’ai compris une chose, peut-être la plus importante :

La volonté est un état d’esprit, la capacité est un état de fait.

Et si on remplaçait cette fameuse phrase par « Quand on ne veut pas, on ne peut pas ». Si l’on insistait sur le fait que la volonté n’est pas à elle seule, un gage de réussite, mais qu’en tout état de cause, l’absence de volonté est, elle, un gage d’échec. Quelles conséquences cela aurait-il sur le monde ?

Pour ma part, j’aurais peut-être limité l’acquisition de ce fameux syndrome de l’imposteur en évitant de me confronter à cette question : Comment on fait pour avoir envie, et donc pour réussir.

Je ne suis pas le seul à m’être posé cette question d’ailleurs, Johnny l’a même chanté. Si j’échoue parce que je ne veux pas, comment faire pour vouloir ? En trouvant le sens qu’il y a derrière. Qu’est-ce que ça m’apporterait de plus grand que moi, de mettre tout en œuvre pour risquer de réussir ?

La phrase deviendrait donc : « Quand on sait pourquoi on veut, on peut tout donner ».

Et là on arrive à une phrase plus précise, en lien avec la réalité et le fonctionnement de l’être humain. Alors ok, on est peut-être déjà tous arrivé à cette conclusion plus ou moins consciemment, mais il est peut-être temps de sortir de nos jeux de mots archaïques pour nous approprier des expressions moins culpabilisante, plus libératrice que celles qui ont été créées à l’époque où le développement personnel, la connaissance du fonctionnement, n’existaient pas encore aux yeux du grand public.

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